Portrait: Samoss

Derrière chaque son qui sort aujourd'hui se cache un beatmaker qui évolue dans l'ombre en faisant sa place auprès des artistes mais pas forcément aux yeux de tous. Samoss fait partie de ces beatmaker et producteurs talentueux qui méritent une plus forte exposition. Originaire de Niort, il a évolué au sein du collectif Edyne avec toute sorte d'artistes qu'ils soient des rappeurs, des graphistes ... De par le temps et son talent, il a su se faire une place dans les beatmakers les plus en vogue de ces dernières années avec notamment des productions pour Luther, Dinos, Sto et beaucoup d'autres artistes de toutes tailles. On se retrouve aujourd'hui pour son portrait ! 


Salut Samoss, on te voit de plus en plus productif en ce moment, tu peux nous dire quand et comment tu as commencé à faire des prods ?

J’ai commencé il y a plus de 4 ans aujourd'hui, suite à une fracture de la cheville en skate en tout début d’été. L’ennui m’a poussé à trouver une occupation, et à l’époque mon frère avait une version crackée de FL Studio sur son ordi donc je m’y suis intéressé et j’ai direct kiffé ça donc je n'ai jamais arrêté depuis ce jour.


Comment est-ce que cet attrait pour le beatmaking et pour la musique en général t'es venu ?

Je suis issu d’une famille de musiciens donc j’ai toujours baigné dans la musique. Mon père avait un groupe de rock et était DJ, d’ailleurs il l’est encore à l’heure actuelle. Ma mère, elle, de son côté est graphiste. Et puis il y a mon frère Edeleven qui lui aussi faisait de la musique, d’ailleurs j’en fais toujours avec lui à l’heure actuelle. Pour ma part, j’ai commencé la batterie à mes 7 ans, donc le côté artistique à toujours été présent dans ma famille et m’a toujours attiré.


T'as un processus de création précis pour réaliser des prods ?

Ça varie pas mal en fonction des prods, généralement j’allume FL et j’ouvre directement un piano pour trouver mes premiers accords. Je ne suis pas très fort en piano mais je trouve facilement des accords, sinon ça m’arrive de les trouver directement à la guitare et après je les mets dans le piano roll. J’ai pas vraiment un processus de création précis, je suis mon inspiration et je vois où elle me mène.


Comment fais-tu pour arriver à diversifier chacune de tes productions en gardant ta patte ?

On me dit souvent que j’arrive à apporter de nouvelles choses dans mes prods, et ça fait hyper plaisir car il y a rien de pire qu’un mec qui peut être fort mais qui propose toujours les mêmes choses. 

Ça suit ce que je disais avant, j’ai baigné dans des styles de musique vraiment très variés que ce soit le rock, la pop ou même le métal et ça m’a beaucoup apporté. Au début le rap et l’électro c’était pas mon truc du tout alors que maintenant c’est ce que je préfère, comme quoi… J’essaie d’écouter de tout pour avoir des inspirations qui viennent de partout dans le but de le retranscrire dans mon travail.


Dans quelles mesures le groupe Edyne, t'a permis d'évoluer dans ta musique ?

C’est avec eux qu’on a fait les premiers sons et que j’ai commencé à “produire” des artistes, c’est-à-dire que je faisais leurs prods, leurs mix et leurs master dans ma chambre avec un micro bien bas de gamme qui nous a permis de faire nos premiers projets musicaux. C’était vraiment une opportunité qui nous a tous permis de nous lancer dans un truc et ça m’a permis de voir que c’était possible de créer un projet en partant de rien et en plus dans mon groupe de pote donc c’était trop bien. Aujourd’hui, on est tous partis de notre côté dans nos projets, mais on se retrouve de plus en plus pour faire du son ensemble et puis partager les projets et essayer de tout péter. 


Tu travailles énormément avec Primo et on sent une vraie alchimie entre vous, comment est-ce que ça se passe quand vous bossez sur un son ?

Avec Primo ça charbonne très fort, il est très talentueux et pour moi il a ce truc qui va lui permettre de péter et on va tout faire pour qu’il se passe quelque chose. 

Là, on est sur son prochain projet, qui va bientôt sortir. C’est un de mes meilleurs potes donc c’est encore mieux de pouvoir partager ça ensemble. Je travaille aussi beaucoup avec Superlaul qui est ma copine et du coup là je les pousse à fond, c’est un peu ma stratégie pour essayer de les mettre sur le devant de la scène et essayé de créer quelque chose d’assez unique et de faire notre bout de chemin dans la passion.

Souvent quand on travaille avec Primo, il vient chez moi et en fonction de son mood on fait la prod qui correspond ensemble. Lui il commence à gratter dessus et je l’enregistre direct s’il a une topline ou un truc à poser. La plupart du temps, les morceaux on les fait très vite comme ça on a ce côté spontané qui est hyper important dans la musique en général. Garder ce côté innocent et spontané dans la création ça permet d’être moins prise de tête est plus vrai.


As-tu l'impression qu'avec l'arrivée de la nouvelle géné notamment, une plus grande importance est apporté aux beatmakers? Tu le vois vis-à-vis de ton travail ?

C’est clair qu’il y a eu un gros changement, les beatmakers ont de plus en plus leurs places, avec notamment des beatmakers qui sortent leurs propres tapes à leur nom. On donne plus de crédit à ce taff qui jusque-là était trop mis de côté. Mais c’est toujours pas parfait, et je le vis tous les jours notamment avec les gens qui volent mes prods, après c’est pas quelque chose de très grave mais c'est notable. Donc toutes les semaines je me laisse au moins une heure pour pouvoir faire les réclamations de droits d’auteur avec la SACEM pour ceux qui me volent et qui ne me créditent pas, ça fait partie du jeu. 


T'as collaboré avec des artistes de toutes tailles allant de Primo à Dinos en passant par Luther, si tu devais avoir une collaboration rêvée ce serait laquelle et pourquoi ?

Effectivement, c’était vraiment cool avec Dinos, on a fait une session ensemble à Paris et on doit se recapter car on continue à bosser ensemble pour la suite. Et je bosse aussi avec d’autres artistes moins influents mais que j’estime tout autant comme Sto, Gouap et beaucoup d’autres parce que c’est super intéressant musicalement.  Travailler avec des têtes d’affiches c’est super enrichissant car j’apprends d’eux. Si j’avais une collaboration rêvée dans le Rap ce serait Laylow, il m’a beaucoup inspiré et il influence énormément tout ce qui se fait de digital dans le rap aujourd’hui. Il a mis une si grosse claque à tout plein de gens avec Trinity que ça a marqué un tournant dans la digitalisation de la musique, dans le mix avec notamment les glitchs qui sont de plus utilisés et beaucoup d’autres choses que je ne pourrais même pas citer … Sinon, comme je parlais de diversité avant, je pense que si je devais choisir une collaboration hors-rap rêvée ce serait Hans Zimmer ou alors Matthew Bellamy le chanteur de Muse. 


À l'heure actuelle tu réussis à vivre essentiellement de ta musique ?

Oui, depuis 2 ans j’arrive à vivre de ma musique en tant qu’auto-entrepreneur. Que ce soit avec mes prods youtubes ou mes placements, j’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion, c’est un quotidien rêvé qui est vraiment fou. D’ailleurs pour ceux que ça peut intéresser, pour être considéré comme Artiste-Auteur, c’est auprès d’URSSAF Limousin qu’il faut se diriger pour pouvoir retrouver sa case en tant que musicien auto-entrepreneur. 


Quelles sont les prochaines étapes pour toi ?

Les étapes suivantes sont de continuer ce que je fais en me connectant avec plus d’artistes que j’estime beaucoup notamment dans cette nouvelle génération qui est vraiment folle. On va continuer le charbon avec Primo et Superlaul pour essayer de pousser notre univers et de toucher encore plus de monde. On va aussi essayer de faire un maximum de concerts, en tant que DJ pour Primo et batteur pour Superlaul. C’est pas vraiment les gros placements qui m’intéressent ou même être en maison d’édition ou signer quelque part, à moins que ce soit un truc vraiment pas refusable. Pour le moment je suis trop bien dans mon roulement d’indépendant avec les artistes avec qui je travaille, je compte pas lâcher ça et affaire à suivre…


Comme d'habitude, si t'avais des conseils à donner à quelqu'un qui voudrait commencer à faire des prods, ce serait quoi ?

Pour être beatmaker et même musicien en général, il faut être passionné et curieux, écouter plein de choses pour éduquer son oreille à de nouvelles sonorités etc… Sinon côté travail et business, il faut être hyper récurrent dans son travail et être productif pour atteindre ses objectifs. Ça peut être beaucoup de pression vu comme ça mais c’est comme ça qu’on apprends plein de choses et qu’on arrive à toucher de plus en plus de gens. Le dernier conseil que je pourrais donner c’est de rester fidèle à sa patte, c’est-à-dire que peu importe si ce que tu fais te donne l’impression d’être un extraterrestre aux yeux des autres, il y aura toujours des personnes qui capteront ce que tu fais alors lance-toi et écoute tes inspirations.




1:24 à 2:07

Pierre Guignard le 17/05/202
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